Le papier tactile enfin pour demain
09 . 08 . 2018
Le papier tactile enfin pour demain
Imaginez-vous lire le journal Métro ou 24h (la version papier). Vous vous dites : « Il faut absolument que je montre cet article à mes chums! » et là vous cliquez sur « partager sur Facebook » sur l’article imprimé avec votre doigt. Dans le même temps, sans avoir rien à faire ni même le réaliser, votre téléphone intelligent reçoit automatiquement un signal et transfère l’information digitale sur Facebook. Moins de 5 minutes après, vous recevez votre première notification « J’aime » de votre copain François. Ce scénario, c’est l’imprimé de demain et c’est pour bientôt.
État des lieux
Plusieurs laboratoires se fascinent pour ce sujet et leurs résultats sont très prometteurs. Des chercheurs de l’Université Carnegie Mellin de Human Computer Interaction Institute en Pennsylvanie (États-Unis) font en ce moment parler d’eux. Leurs principes sont les mêmes qu’un autre groupe de chercheur qui sont, eux, déjà sur ce créneau depuis quelques années: l’équipe de l’entreprise britannique Novalia fondée et dirigée par l’ingénieure Kate Stone.
Les chercheurs de l’Université Carnegie Mellin semblent plus en phase de recherche que de déploiement pour le moment, mais leurs résultats sont très prometteurs. Vous pouvez lire plus en détail un résumé leurs travaux via ce lien (en anglais) et vous trouverez ci-dessous une vidéo résumant les découlées potentielles de leur travail dans notre futur proche :
Quant à l’équipe de l’entreprise Novalia, fondée en 2006 et dédiée à l’innovation et au déploiement des papiers tactiles, leurs résultats concrets sont déjà nombreux et commercialisés pour beaucoup. Leur objectif est d’utiliser « des presses d’impression ordinaires pour fabriquer de l’électronique interactive, qui combine la technologie d’encre tactile et les circuits imprimés en des produits uniques et économiques ». En clair : n’importe quel imprimeur peut créer leurs prodiges. Il suffit juste de se procurer les encres nécessaires à la partie tactile et électronique. Nul besoin d’investir dans de nouvelles technologies avec Kate Stone, elle y met un point d’honneur. Puisqu’on vous le dit que c’est déjà à nos portes!
Ci-dessous un discours de la fondatrice présentant sa philosophie et ses travaux lors d’un événement Ted’s Talk :
L’exemple de Pizza Hut UK a même déjà utilisé leurs services en créant, en série limitée, une boite à pizza convertible en platine DJ imprimée! En gros, tu manges ta pizza. Tu déplies la boîte et tu relies rapidement ta platine imprimée via Bluetooth. Enfin, tu te transformes en DJ branché pour le temps d’une soirée,les enceintes de ton téléphone intelligent délivrant ta création.
Pizza Hut unveils world’s first playable DJ pizza box from CNBC.
Pourquoi c’est une vraie innovation?
Qui a besoin d’affiches imprimées quand des écrans interactifs existent déjà? Ou, pourquoi les journaux papiers interactifs alors qu’on a déjà la version numérique accessible via notre tablette ou téléphone intelligent? C’est simple: tout le monde n’a pas encore accès à ce matériel coûteux déjà (rappelons qu’on peut tout à fait connecter ces imprimés à des supports électroniques basiques et pas nécessairement votre téléphone). Ensuite, on parle ici de charges électriques excessivement faibles rapport à celle d’écrans interactifs, quels qu’ils soient. Enfin, ces supports sont beaucoup plus adaptés à des usages temporaires et leurs coûts de fabrication et de déploiements sont bien moins dispendieux.
Cerise sur le gâteau, cela reste un simple imprimé sur un support papier. Avec tout le confort que cela a pour certains en terme de lecture ou de prise de note sur le support. Imaginez un carnet de notes équipé de cette technologie. Vous écrivez et une copie se digitalise, mais sans les outils high-tech et coûteux des solutions actuelles. Juste vous, votre papier et votre stylo (et certes, là votre téléphone ou tablette pas trop loin). Imaginez encore ce professeur qui distribue ces feuilles de tests en papier et les résultats qui s’inscrivent et se compilent d’eux-mêmes sur son ordi alors que l’étudiant, lui, n’a que sa feuille et son crayon ordinaire. C’est un monde nouveau dans le domaine de l’interaction imprimé et virtuel. Un monde humain et simple.
Pour conclure, même si ce procédé est encore jeune et à besoin d’être affiné, il existe déjà et a le mérite de se déployer facilement et à moindres coûts sur de nombreux supports imprimés ordinaires de la vie de tous les jours. Associé à d’autres technologies telles que les puces NFC imprimées ou batteries en papier, il pourrait facilement donner un nouveau souple au secteur de l’impression dans de très brefs délais.
Dimitri Lesage, chargé de projet délégué à la veille sectorielle
via le courriel [email protected].